Léa, ancienne service civique d’APA, a été interviewer par France Volontaire

Au Bénin, Léa s’est engagée comme volontaire en service civique auprès de l’association Afrique Pleine d’Avenir qui œuvre pour favoriser l’accès à l’éducation en Afrique subsaharienne.

Peux-tu te présenter en quelques mots ? Quel est ton parcours ?

Avant de faire un volontariat en service civique, j’étais étudiante en gestion des entreprises et en commerce international. J’ai fait toutes mes études en alternance, ce qui m’a aidé à prendre conscience des réalités de la vie et d’avoir une application concrète de mes connaissances sur le terrain.

Pourquoi avoir choisi le volontariat ? Quelles étaient tes motivations ?

J’ai souhaité donner du sens à ce que je faisais et me retrouver dans des activités ayant un impact concret. Que ce soit à l’école ou en entreprise, je n’ai pas réussi à me sentir complètement épanouie. Je n’en voyais pas l’intérêt : tout était une question d’argent et sans éthique. Je travaillais sans prendre de goût à ce que je faisais. Du coup, ma grosse problématique était de savoir comment faire pour m’épanouir professionnellement.

J’ai toujours été intéressée par la solidarité internationale. Comme en 2021, ce n’était pas une super année en France, je me suis dit que c’était maintenant ou jamais pour partir en volontariat international. Je n’avais pas encore fait mon master et je ne savais pas lequel faire, je me suis dit que cette année de césure allait me permettre de réfléchir. Et puis, j’avais aussi le besoin d’aller à l’étranger pour découvrir ce qui se passe ailleurs que chez moi et de m’ouvrir sur le monde.

Peux-tu nous présenter ta structure d’accueil ?

Ma structure d’accueil est APA (Afrique Pleine d’Avenir), une ONG qui a été fondée en 2009 et qui œuvre pour favoriser l’accès à l’éducation au Bénin. Au Bénin, l’association accueillie 2 volontaires en service civique et l’équipe de bénévoles est basée en France.

APA travaille à travers 4 programmes :

  • EVI : activités éducatives avec les enfants ;
  • YONNOU : émancipation des femmes ;
  • NOVISSI : organisation de chantiers solidaires financés par des associations étudiantes françaises ;
  • MEEBO : construction d’infrastructures communautaires socio-éducatives.

APA collabore avec une association béninoise, ADEE, ce qui permet de donner du sens aux activités proposées. On se sent bien plus légitime d’être à leurs côtés et cela nous permet d’obtenir la reconnaissance des Béninois. Ce n’est pas facile d’être une ONG française et de dire qu’on va venir pour mettre en place des activités au Bénin. Il y a le cliché des associations françaises qui viennent pour « aider l’Afrique ». L’association APA collabore avec l’association ADEE au Bénin pour inscrire des programmes sur le long terme.

Tu nous parles de ta mission ?

Un volontaire en service civique chez Afrique Pleine d’Avenir est investi dans les 4 programmes.

Pour le programme EVI, ma mission consiste à mettre en place des activités avec les enfants dans des écoles partenaires. Nous avons des échanges épistolaires permettant des relations entre des écoles béninoises et françaises. Je dois aller chercher les lettres, distribuer les lettres aux élèves béninois, faire des ateliers pour apprendre aux élèves à rédiger une lettre, etc. J’ai participé et proposé beaucoup d’autres activités : formation à la création de savons, animation d’un tournoi sportif, création de t-shirt personnalisé. C’est le volontaire qui choisit ce qu’il souhaite mettre en place, en fonction de ses goûts, de ses compétences et de son binôme également volontaire en service civique.

Pour le programme YOUNOU, j’ai contribué à le développer en organisant un festival pour mettre en valeur les femmes dans leur quotidien à travers l’art. Pour cela, on a organisé en partenariat avec l’association Fille du Monde et l’association béninoise Jeunesse Regard et Actions : des tables rondes, des expositions d’art, des ateliers de création de serviette hygiénique et de création de sacs biodégradables. Pour 2022, on a décidé de faire une deuxième édition de cet événement en l’orientant dans l’univers du textile en comprenant toutes les étapes du processus de fabrication. Pour ce faire, je suis allée avec mon binôme service civique au Nord du Bénin afin de rencontrer des dames tisserandes, fileuses, teinturières. Comme ce sont des savoir-faire qui se perdent, nous souhaitons les valoriser durant l’évènement. J’ai eu à préparer le budget de l’événement et le dossier de présentation, j’ai également réalisé le portrait des femmes.

Pour le programme NOVISSI, nous allons rencontrer des maires pour identifier les besoins dans les écoles. Ensuite, nous présentons les projets pouvant être réalisés à des associations étudiantes françaises. Dès que ces associations expriment leur intérêt, nous échangeons avec elles sur leurs attentes. Ma mission consiste à faire l’intermédiaire entre les associations étudiantes françaises et l’association béninoise ADEE pour préparer l’organisation du chantier de solidarité internationale. On organise leur arrivée en présentant le projet aux autorités locales et aux directeurs d’écoles. Lorsque les jeunes arrivent, je contribue à les accueillir et à faire en sorte que tout se passe bien. Avec APA, nous sommes garants de l’aspect financier.

Concernant le programme MEEBO, il était à l’arrêt à mon arrivée au Bénin. En juillet 2021, j’ai engagé APA pour transformer un centre d’éducation alternatif en internat professionnel. Le centre appartient à une association béninoise, membre du réseau EMMAÜS, et qui accueille de jeunes filles orphelines, victimes de harcèlement ou de mariage forcé. L’objectif est de créer un internat pour leur permettre de rester sur le lieu de formation et de les empêcher de retourner dans leur environnement néfaste. Ce projet m’a beaucoup touché, j’ai donc rédigé la convention de partenariat avec EMMAUS A.F.A. Ensuite, j’ai contribué à établir les grandes lignes du projet. Il reste maintenant la recherche de financements.

Quelles ont été tes premières impressions à ton arrivée au Bénin ?

Quand je suis arrivée au Bénin, j’ai été agréablement surprise. Avant de venir, je ne connaissais rien du pays. Quand on fait des recherches sur ce pays sur internet, on trouve peu d’informations. J’ai vu beaucoup de photos de la ville de Ganvié mais je savais que je n’allais pas vivre sur l’eau, dans une maison sur pilotis.

J’ai été hyper satisfaite. Ce qui a permis cela, c’est le fait que j’ai été accueillie par Anaëlle, une ancienne volontaire en service civique pour APA. Ce fut une richesse et une ressource incroyable puisqu’elle m’a aidé dans mon intégration. Elle nous a fait rencontrer des personnes et visiter de nombreux endroits. Puis, je me suis fait un exceptionnel groupe d’amis. Je me suis tout de suite intégrée et je n’ai pas du tout vécue de choc culturel. Vraiment, tout a été tellement fluide que je ne me suis même pas aperçue que j’avais quitté la France. Je savais que je n’étais plus en France mais je n’ai pas eu de crainte sur le fait de vivre pendant une année au Bénin.

Qu’est-ce que cette expérience de volontariat t’apporte ?

Le volontariat apporte une incroyable expérience humaine que je ne regretterai jamais d’avoir vécue. Cela apporte également une expérience de solidarité internationale qui est parfois difficile, notamment lorsque nous voyons des choses auxquelles on ne s’attendait pas du fait de leur éloignement avec notre quotidien en France. Mais cette expérience te permet de prendre du recul et d’apprendre à relativiser.

Au début, lorsque j’ai débuté mon volontariat, je me suis dit que ce que je réalisais, tout le monde pouvait le faire. Mais j’ai pris conscience que non, tout le monde ne peut pas le faire et que c’est une chance énorme de vivre cette expérience. Je n’ai pas les mots tant c’est magnifique.

D’un point de vue personnel et professionnel, cette expérience m’a permis de mieux dessiner ma voie et de savoir ce dont j’ai envie ou pas envie. Cela m’a permis de réaliser que nous ne sommes pas obligés de suivre un parcours « linéaire ». Il n’y a pas de règles pour l’épanouissement.

Quels sont tes projets post-volontariat ?

Sur le court-terme, je souhaite reprendre mes études en commençant et finissant mon master en coopération et relations internationales.

Ensuite, je souhaite revivre une expérience d’expatriation. Pas forcément au Bénin, même si je suis attachée au pays et aux personnes que j’ai rencontrées. Mais j’aimerais voir d’autres pays, l’Afrique m’intéresse énormément.

Un conseil aux futurs volontaires ?

Je conseille aux futurs volontaires de suivre ce qu’ils ont envie de faire. Suivre leurs rêves, y aller, foncer, parce que nous ne sommes pas seuls. Lorsque nous partons avec l’Agence du Service CiviqueLa Guilde ou France Volontaires, nous sommes encadrés, aidés et soutenus. Il y a souvent des communautés d’expatriés qui se soutiennent. Nous venons tous d’horizons différents mais nous sommes comme une grande famille et nous nous entraidons. Il y a une richesse qui est créée par cette émulsion de profils différents qui est juste magnifique et c’est une expérience qu’on ne peut pas vivre ailleurs qu’en osant y aller. Personne ne pourra le vivre à notre place. Si on la chance de le faire, il faut le faire. Je ne regrette pas une seule seconde d’y être allée. Au départ, j’avais eu peur de perdre mon année mais maintenant, cette idée est loin de ma tête. Je n’ai rien perdu, j’ai tout gagné.

Portrait de Tella Kpomahou


Dans le cadre du programme Yonnou 2022-2023, qui promeut une meilleure représentation des femmes dans le milieu de l’audiovisuel et des médias, nous vous présentons des femmes aux parcours divers, qui ont réussi ou sont en passe de réussir leur carrière dans ce milieu ! Sous-représentées, ou mal représentées, elles ont toutes à cœur de s’épanouir dans leur passion.

Il y a quelques mois, nous avons pris contact avec Tella Kpomahou, via son agent Amzath Abdoulaye, qui nous ont ouvert les portes de leur monde. Tella est une actrice internationale, franco-béninoise, dont on ne compte plus les rôles, à la télévision, au théâtre, de doublage. Consciente de la longue route vers l’autonomie et le succès sur laquelle marchent les femmes, elle reste positive et voit le verre à moitié plein. Elle a créé, ainsi, une association WANI AYO de production, création, mise en scène, diffusion de projets culturels. Via cette association, elle organise des formations et contribue à rendre plus professionnel et accessible le cinéma africain.

Chayna – Comment vous en êtes arrivée à faire ce que vous faites aujourd’hui ?

TellaLes choses sont parties de la France vers l’Afrique, en Côte d’Ivoire dans un premier temps. Côte d’Ivoire que j’avais quittée en 2001 pour y retourner en 2004 pour la faveur d’un long métrage “Après l’océan” de Eliane de Latour. Ensuite, en 2006-2007, ça a été “il va pleuvoir sur Conakry” de Cheick Fantamady Camara. Puis les projets se sont enchaînés, des petits rôles pour le cinéma français et la télévision française. Une fois que j’y étais, j’y étais, je m’y suis complètement consacrée. Alors, dans les premiers temps, c’était facile parce que jeune adulte sans enfants, par la suite, j’ai eu des enfants. C’est là où les choses se complexifient.

Déjà effectivement une comédienne noire, il n’y a pas tant de rôles que ça, même s’il m’arrivait de jouer régulièrement. J’ai pas eu de panne, comme on pourrait avoir pendant 1 ou 2 ans sans travailler du tout. Ma chance, c’est que comme j’étais sur les trois plans – théâtre, cinéma et télé – j’avais toujours un projet par an donc je n’ai pas connu la grande pénurie que peut connaître certaines personnes, le téléphone qui ne sonne plus, donc j’ai toujours été en activité.

Par la suite, comme je disais, arrivent les enfants. Donc il faut s’organiser, donc la question de la mère, de la femme artiste se pose. Effectivement, il y a un flottement le temps qu’on s’installe dans cette nouvelle réalité et qu’on trouve sa place de mère, parce que ce n’est pas simple. Pas si simple que ça. Parce que la société nous impose une certaine rigueur, une certaine réalité en tant que mère, et ce n’est pas simple physiologiquement aussi parce que le corps bouge, on est dans une autre dynamique. Malgré cela, j’ai quand même réussi. J’ai la chance d’avoir deux beaux enfants, un compagnon qui suit, qui respecte mes choix artistiques. Je suis une comédienne qui bouge quand même pas mal, qui voyage. Je ne dirais pas que c’est simple, mais je pense qu’il faut une volonté, une organisation, j’y arrive encore, j’espère que je vais y arriver encore pendant longtemps. Pour la petite anecdote, pendant que mon fils avait 1 mois, j’ai été invitée à un festival international en tant que membre de jury et j’ai dû l’emmener avec moi, c’était le plus jeune festivalier, il avait 1 mois. Donc, voilà, c’est les choses qui se font et on est obligés de trouver de quoi continuer, de ne pas baisser les bras sinon très vite, on tombe dans une certaine aigreur, on va contre son épanouissement à soi et tout est fait de façon sociétale pour aller contre notre épanouissement à nous les femmes.

A nous d’être vigilantes. On doit retrousser les manches et prouver encore plus malheureusement. On doit prouver qu’on est une bonne mère, non déjà prouver qu’on peut avoir des enfants. Parce qu’une comédienne doit toujours rester jeune, lisse. Les enfants seraient une contradiction de ce modèle. Donc oui, faire des enfants, être là pour eux et continuer à être artiste, c’est un challenge qu’on peut gagner, à condition d’être déterminée et d’avoir les ressources et les aides nécessaires. Quand je dis les aides nécessaires, je dis les soutiens nécessaires.

C – Si vous aviez des conseils à donner à des jeunes et notamment à des jeunes femmes qui voudraient avoir le même parcours que vous, qu’est ce que vous voudriez leur dire ?

T – Je dirais dans un premier temps qu’il faut être complètement consciente que rien ne leur sera donné, qu’il y a des places à prendre. Elles doivent les prendre et ne pas attendre qu’on les leur donne, qu’on leur octroie. Tout ce qui est gagné à la force de son courage, de sa détermination, de sa persévérance est acquis, à vous, on ne peut pas vous le reprocher, vous l’avez gagné à la sueur de votre front, pour parler vulgairement. Il faut sortir de cette habitude du sous-conditionnement qui voudrait que la femme est incapable de. Aujourd’hui, la femme est pleinement capable. Il ne faut laisser personne nous dire le contraire.

C – J’ai regardé, “ The Woman King” sorti récemment. Est ce que vous pensez que ce genre de film, malgré les critiques qui ont été, à la fois bonnes et parfois un peu plus mitigées, peut avoir un impact ? Plus on voit des femmes en nombre, des femmes noires, africaines ou afro-américaines à la télé ou au cinéma…

T – Mais carrément, carrément ! Moi les polémiques je les laisse aux polémiqueurs. Je laisse les affamés mordre ce qu’ils ont envie de mordre. Laisser le rêve exister, laisser le cinéma exister, c’est de la fiction, c’est de la fiction inspirée de faits réels. Alors effectivement, c’est romancé, policé, esthétisé, tout ça, mais les amazones du Bénin, les amazones du Dahomey ont résisté. Il faut bien en parler quelque part, il faut bien en parler de la plus belle manière possible, et au-delà de ce film, ce que je retiens, c’est cette histoire apportée par deux femmes, deux femmes noires. La réalisatrice et la productrice, la comédienne Viola Davis et la réalisatrice Gina.

C’est drôle que vous en parliez de The Woman King. Je ne sais pas si vous avez vu, mais je suis intervenu là-dessus, j’ai fait le doublage. Pour la version française, j’avais été contactée pour coacher et en dehors du fait d’avoir participé, pour moi, c’est un film que j’ai eu plaisir à regarder tout simplement. Cette histoire des amazones de Dahomey sublimée comme ça ! Parce que le cinéma est aussi là pour nous faire rêver, pour esthétiser, pour sublimer. Les polémiqueurs qui disent non, c’est de l’appropriation culturelle, bon c’est leur histoire hein, on peut pas plaire à tout le monde, ça ne devrait pas empêcher de rêver. Ce film devrait être montré dans les centres de formations pour jeunes femmes et oui on en est capables. Ça a existé. Ce ne sont pas des faits inventés.

C – Il a dû inspirer plusieurs jeunes filles en effet. Alors, comment on parle d’art à ses proches quand on a envie de s’y consacrer ?

T – C’est pas simple, c’est pas simple. Pendant, longtemps quand je vivais encore en Côte d’Ivoire et que je commençais le théâtre, je ne savais pas comment l’expliquer à ma mère. Comment on parle d’art … Je ne sais pas, et si vous avez un jour la réponse, j’aimerais bien l’avoir aussi.

Pour ma part, parmi les choses que je vais faire ici à Cotonou, au mois de novembre, je vais mettre en scène une pièce qui s’appelle “Une maison de poupée”. C’est une pièce écrite sur le rôle traditionnel de l’homme et de la femme dans le couple. Sur l’épanouissement de la femme et sa place, son conditionnement. Cette pièce qui a été écrite il y a plus de cent ans est d’une actualité criarde et j’ai voulu m’attaquer au sujet et en faire une adaptation. On sera en création du 4 au 23 novembre à Ouidah. Il y aura une première le 25 novembre à l’Institut français de Cotonou et avec cette pièce mon but, c’est non seulement de donner des représentations publiques, mais aussi de faire des rencontres débats dans des centres de formation, des lieux pour questionner nos habitudes par rapport à la place de la femme et à la place de la femme au sein du mariage. Peut-être que ça serait aussi une occasion de parler de l’art à travers le théâtre, à travers les représentations théâtrales, on amène la question de l’art au cœur de la vie.

Mais pour revenir de façon plus concrète à votre question, comment parle-t-on de l’art ? Je pense que c’est les mots ou la démarche pour le faire qui est peut-être pas simple à trouver. Lorsque l’art est au cœur de notre vie, au quotidien de nos vies, que juste le fait de s’habiller est un art, quelques fois on y met trop de sérieux. Peut-être que c’est le sérieux qui accompagne ce mot qui fait que ça rend cette thématique un peu élitiste, mais ça devrait être un peu au quotidien, l’art, ça serait plus facile d’en parler.

C – En tout cas, pour parler de cinéma, vous avez organisé une formation ouverte. Peut-on réaborder cette question ?

T – Oui, c’est la formation triptyque aux métiers du cinéma. Triptyque parce qu’elle regroupe trois modules : écriture de scénarios, production cinématographique et audiovisuelle, actorat. Nous avons au total 23 participants. Donc 9 en actorat, 7 en écriture de scénario et 6 en production. C’est une formation pour des personnes ayant déjà de l’expérience à ce niveau-là et qui ont le souhait d’aller plus loin. C’est une formation qui est issue d’une activité organisée par l’association Wani-Ayo dont je suis la fondatrice. Je suis parti du constat grâce à mon métier de comédienne et parce que j’ai fait partie d’une commission de financement de films, documentaires et séries que les productions béninoises ne vont pas être compétitives, ne vont pas au-delà du Bénin.

A mon niveau, je peux pallier cela, grâce à mon expérience, grâce à mes contacts et donc oui, j’ai voulu créer une réflexion autour de ça, une réflexion commune. Les journées de réflexions ont réuni une cinquantaine de personnes sur la manière de faire pour trouver des solutions pour sortir de cette espèce de léthargie du cinéma béninois. Donc la formation vient pour répondre au problème de qualité des formations.

Avec cette formation, on ne peut pas répondre à tout, tout d’un coup, parce que le chantier est vaste et qu’il y a beaucoup beaucoup de choses à faire. Mais une pierre après l’autre, on peut peut-être prétendre avoir des productions de qualité qui dépassent les frontières du Bénin et qui soient compétitives.

C – Et comment vous avez trouvé ces participants ?

T – Alors ça a été un appel à candidatures lancé en septembre pour les trois modules. Nous avons reçu une cinquantaine de candidatures et on en a sélectionné le nombre final que je vous ai dit, à savoir 23.

C – C’était passé sur des réseaux professionnels ?

T – Nous sommes soutenus, alors ça faut le citer, par Canal+ Bénin et Canal university qui encouragent la formation professionnalisante, et l’Institut français qui est à nos côtés aussi. C’est passé sur leurs réseaux, sur la page Facebook de Wani-Ayo, et deux-trois autres réseaux. Sans le vouloir, c’était intimiste sans être intimiste donc nos partenaires l’ont diffusé.

C – Un dernier mot ?

T – Je trouve votre démarche intéressante. Il est important de s’attarder sur la participation des femmes dans tous les secteurs d’activité et l’audiovisuel. Je dis ça peut-être parce que je suis de ce milieu-là, mais c’est le secteur qui peut permettre aux femmes d’être plus visibles. L’audiovisuel peut aller chercher ces femmes-là, cette minorité invisible, les rendre visibles et c’est bien de pouvoir mener ce genre d’actions. C’est encourageant pour les générations à venir, qui veulent ressembler à ça, avoir des modèles, des références, avoir des repères.